Carnet de route

L'Etale... récit

Sortie :  Pointe de l'Etale par la combe de Tardevan au départ de Manigod du 22/02/2020

Le 22/02/2020 par Eric Bagnard

L'ETALE !
Dimanche 9h. Je traînasse mollement, allongé tel une flaque.
Quelques rayons printaniers pénètrent par la fenêtre déjà entrouverte.
Les oies et brebis voisines se manifestent dans cette douceur campagnarde.
Je me remémore ma sortie d'hier, 22 février, à « l'Etale ».
Sans l'apostrophe associée la journée s'annoncerait bien plus funeste.
Après Manigod, Comburce ! La route s'arrête au bout du bout. Au delà c'est toi qui
agit. Le parking est plein, mais il est tellement petit...
Nous ne serons qu'une poignée à glisser ce jour dans ce massif imposant mais toujours
un peu perdu, un peu sauvage, un peu solitaire. Qu'il le reste encore longtemps....
La sonorité continue des torrents confirme une fonte active et précoce pour la saison.
Ça sent l'herbe entends-je...
Le groupe est fin prêt, avec de nouvelles têtes, avec de nouveaux sourires ...
C'est donc skis sur les sacs que nous entamons l'ascension en empruntant les sentes
d'été. Les chalets, en tenue de camouflage, tapis dans l'ombre tardive des faces
ouest nous regardent passer impassibles. Dans notre dos, la Tournette renvoie sa
lumière annonciatrice d'une journée unique. L'air est sec, les brumes absentes. Nous
chausserons finalement au dessus des chalets de la Turte.
Là, face à la combe de Foiroux, nous ne pouvons que constater la fonte avancé laissant
apparaître le rocher ça et là. Le cheminement sera dicté par les maigres restes de
neige. Couteaux, conversions raides et répétées, déchaussages, étroitures puis
végétation seront nos premiers obstacles donnant l’accès à La Rouelle. La neige
tombée en début de semaine est là, sans cohésion aucune, et nous donne un peu de fil
à retordre pour accéder au vallon de La Creuse. Skis sur le sac à nouveau, dré dans le
pentu nous y voilà. En levant un peu les yeux, le sommet ensoleillé de cette combe
brille comme un appât qui nous hisse irrésistiblement. Mille conversions plus tard, au
col, en seulement quelques mètres nous passons de l'ombre à l'ultra lumière.
L'étendue désertique subjugue . Le calcaire magnifique et compact semble dejà
réchauffé. L'endroit me semble idéal pour poser une cabane d'alpage et une chaise
longue histoire de profiter encore et encore du bien être qui nous berce.
"ETALE" toi me lance une petite voix interne que je reconnais bien. Faire de la
montagne ou être en montagne? Les deux ? Chacun trouvera ce jour son bonheur.
Le groupe se scindera en deux et Alain mènera la danse jusqu'au sommet.
Et quelle danse!
En Maître du métronome la vaste combe est traversée avec en point de fuite les mille
autres conversions avant la conquête du col . Restera à gravir le seigneur du massif
crampons aux pieds offrant ainsi un panorama d'exception.

ARAVIS !

Dans notre pause et devant tant de célérité, nous décidons d'attendre leur retour
pour effectuer la descente ensemble à nouveau réuni. J’apprécie ce groupe où, ce jour
tout le monde a manifesté à un moment ou à un autre discrètement de l'attention à
l'autre.

Durant cette attente, une arrête de neige et de vent m'interpelle, sinueuse...comme
pétrifiée après la danse. Un mamelon trône à son extrémité, sensuel, tentant . Nous
partons par jeu à sa conquête, arme à la main, avec Didier. Les images de Pascale
rappelleront effectivement Samivel: Beau et simple en quelques traits, saisis sur
l'instant. La visite d'un papillon égaré en mode snowkite conclura notre attente
printanière avant d'attaquer la descente tous réunis.
Dix ou quinze centimètres de poudre suffisent largement à notre bonheur pour un
retour calqué sur l'itinéraire de montée. La combe de Foiroux n'aura donc pas été
skié ce jour, les conditions n'étant pas forcement là, dans le bas. Doute, Prudence...
Qu'importe, tout le monde a skié .C'est bien. Il est temps de remettre les skis sur le
sac et de redescendre paisiblement cette fois face au soleil, yeux plissés. Les chalets
discrets du matin se révèlent en fait tout ridés de craquelures et bronzés par le
temps, pépère, chaleureux, accueillant. Deux trois mots sont échangés ça et là avec
les familles présentes qui profitent, comme nous, de cette journée à saisir.
Quelques regards, quelques sourires échangés valent bien ce détour. Le torrent
désormais plus fort qu'au matin apporte une eau fraîche à mon moulin.
Déjà je sais : je reviendrai....

Brioche partagée , chocolat, thé et médaille d'or au relais homme à Antholz
clôtureront idéalement cette journée.

Merci aux participants.

à bientôt
Eric






CLUB ALPIN FRANCAIS BELLIGNAT
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